L’étude de cas est l’épreuve reine des entretiens de cabinets de Conseil en stratégie. Redoutée par les candidats, l’étude de cas est un exercice qui répond à des codes précis de consultant sur lesquels le candidat est évalué. Bien qu’elle puisse prendre différentes formes, l’étude de cas permet de tester rapidement les capacités d’un candidat à adopter la posture d’un consultant en stratégie. Les interviewers vous proposeront souvent une étude de cas tirée d’une mission sur laquelle ils ont travaillé. Ils auront donc un avantage, connaître par cœur le sujet. Mais pas de panique pour autant, grâce à une bonne préparation et avec quelques astuces en plus, n’importe quelle étude de cas peut être réussie, et cela vaut pour McKinsey, BCG, Bain et tous les autres cabinets.
Découvrez dans cet article les principales informations à connaître pour aborder l’épreuve de l’étude de cas, ainsi que les meilleures astuces pour faire la différence.
L’étude de cas en Conseil en stratégie, qu’est-ce que c’est ?
L’étude de cas : résoudre une mission de Conseil en stratégie en moins d’1h
L’étude de cas est un exercice basé généralement sur une vraie mission de Conseil en stratégie sur laquelle votre interviewer, ou du moins le cabinet, a déjà travaillé. L’interviewer va vous exposer un problème auquel est confrontée une entreprise ou une organisation. En 30 à 45 minutes, vous devez vous placer dans la peau d’un futur consultant et y apporter une solution. Votre rôle sera d'apporter une réponse structurée, analytiquement justifiée, et menant à des recommandations pour améliorer la situation initiale. Vous les exposerez à la fin du cas en une synthèse concise et percutante. L’étude de cas paraît de loin être un exercice normé mais il ne faut jamais perdre de vue qu’en réalité il s’agit avant tout d’une conversation interactive. À chaque instant opportun, vous devez vous servir de votre interviewer, car à la différence de vous, il connaît son cas par cœur et sera le mieux placé pour vous aider à le résoudre. Enfin, il peut arriver quand dans certains de vos entretiens, vous n’arrivez pas à la fin de l’étude de cas. Ce n’est pas grave, 30 à 45 minutes c’est à la fois court pour résoudre l’exercice, et en même temps largement assez long pour vous évaluer.
Les différentes formes d’études de cas : Interviewee-led vs. Interviewer-led
Avant d’aborder les différents types d’études de cas, il est important de revenir sur les deux principales formes.
- Interviewee-led : Vous menez le cas du début jusqu’à la fin. C’est la forme de cas la plus répandue et celle caractéristique des entretiens du BCG. Sur cette forme d’étude de cas, c’est au candidat de prendre le lead et le drive sur la résolution. Ainsi, l’interviewer ne vous donnera pas beaucoup d’informations et attendra de vous d’adopter une posture très proactive pour résoudre le cas. Vous devrez identifier les enjeux principaux, proposer différentes pistes d’analyses pour résoudre le problème, et mener la résolution jusqu’au bout.
- Interviewer-led : Votre interviewer mène le cas en posant des questions. Cette forme de cas est caractéristique notamment des entretiens de McKinsey. Cette fois-ci, l’interviewer guidera l’étude de cas en posant des questions ouvertes ou fermées. Mais attention à ne pas tomber dans le piège, ce n’est pas parce que vous ne guidez pas, que vous ne pouvez pas être proactif et prendre le drive sur la résolution du cas. Cela sera d’autant plus apprécié par l’interviewer, alors dans tous les cas, gardez-la toujours la même attitude.
Les différents types d’étude de cas : profits, croissances, nouveaux marchés, market sizing
Tout au long de votre préparation et de vos entretiens, vous allez travailler sur différentes études de cas. Il existe deux grandes familles : les études cas business et les études de marché.
Parfois, vous aurez des études de cas qui se regroupent, par exemple une entrée dans un nouveau marché via une acquisition M&A. Aussi, vous aurez très souvent un market sizing dans vos études de cas business. Pour ces raisons-là, il est indispensable de maîtriser ses différents types d’études de cas.
Les études de marché
- Market-sizing : Estimer la taille d’un marché en volume ou en valeur d’un produit spécifique, sur un territoire donné et dans une temporalité fixe, ou bien l’évaluation du chiffre d’affaires d’une entreprise.
- Brain-teaser : Tester votre capacité à décomposer et structurer un problème en sous-problèmes moins complexes. À noter que c’est très rare dans les entretiens de Conseil en stratégie.
Lire aussi : Le market sizing en 5 étapes
Les études de cas business
- Profit : Situation où les entreprises sont en difficulté financière et n’arrivent pas à déterminer la cause et trouver des solutions.
- Croissance : Pour un client qui souhaite augmenter son chiffre d’affaires et vous demande si c’est possible, et si oui, comment ?
- Entrée dans un nouveau marché/Lancement d’un nouveau produit : Situation où l’entreprise a déjà un produit existant dans une géographie donnée qui fonctionne a priori bien et qu’il cherche à entrer dans un nouveau marché, soit avec un nouveau produit pour diversifier sa gamme, soit en entrant dans un nouveau pays ou une nouvelle région.
- Pricing : Lorsqu’un produit n’est a priori pas encore lancé sur le marché et qu’on cherche à y fixer un prix, ou bien lorsque le prix du produit n’est pas optimum et qu’il a besoin d’être challengé.
- M&A/PE : Les cas financiers, lorsqu’une entreprise se pose la question de racheter ou de fusionner avec une autre ou lorsqu’un fonds d’investissement se pose la question d’investir ou non dans une entreprise.
- Réponse à la concurrence : Une entreprise est confrontée à un changement dans son environnement concurrentiel, par exemple à cause d’un nouvel entrant sur le marché ou parce qu’un concurrent a diminué ses prix et a engagé une guerre des prix.
- Out of the box : Études de cas qui ne correspondent à aucune de ces catégories parce qu’elles sont très atypiques et vont chercher à tester votre créativité ainsi que votre capacité d’adaptation en dehors de votre zone de confort, par exemple les études de cas sur le secteur public.
Retrouvez plus d’informations et d’exemples d’études de cas dans notre article : Les différents types d’études de cas
Les 4 critères d’évaluation des études de cas dans les entretiens de Conseil en stratégie
1. Être MECE dans votre structure et votre approche du problème
L’acronyme MECE doit de devenir votre maître à penser, il signifie : Mutually Exclusive & Collectively Exhaustive. Chacune de vos réponses doit être structurée de manière MECE, aussi bien votre plan d’approche global que lorsque vous déroulez vos analyses. Dans les faits :
- Mutually Exclusive : Tous les éléments de votre structure de réponses doivent être distincts les uns des autres et permettre de répondre au problème.
- Collectively Exhaustive : La somme de tous les éléments de votre structure de réponses doit couvrir l’ensemble du problème et permettre de répondre à la question.
L’approche MECE permet de garantir une analyse complète et structurée de votre étude de cas.
2. Être irréprochable sur la partie calculatoire des études de cas
Nul besoin d’être un génie en mathématiques pour réussir les études de cas des cabinets de Conseil en stratégie. Il vous sera rarement demandé plus qu’une addition, soustraction, multiplication, division ou que la maîtrise des pourcentages. Malgré tout, avec le stress, la partie calculatoire peut devenir un véritable piège pour les candidats, alors il faut absolument vous entraîner un maximum possible pour être irréprochable. Sur la partie calculatoire, vous serez testé sur trois éléments : la mise en équation mathématique du problème, la résolution mathématique par vos calculs et l’interprétation de votre résultat.
3. Avoir du business-sense et être créatif dans votre brainstorming
Le business-sense et la créativité dans l’étude de cas sont des éléments qualitatifs d’évaluation. Ils sont tous deux très importants car ils vous permettent de faire la différence par rapport à un candidat moyen.
- Business-sense : Votre capacité à adapter votre approche de l’étude de cas, traiter et interpréter des informations propres au sujet de l’étude de cas grâce à vos connaissances. Pour ça, les fiches secteurs vous permettent de progresser rapidement.
- Créativité : Le plus souvent testée sur des questions ouvertes de brainstorming, la créativité est votre capacité à imaginer plusieurs solutions pour répondre au problème ou à une question précise pendant le cas, tout en prenant en compte les tenants et aboutissants de ces solutions.
4. Être capable de communiquer à l’oral et synthétiser son travail
Dernier critère d’évaluation de l’étude de cas, la capacité à communiquer et synthétiser est évaluée tout au long de l’exercice. Au même titre que lorsque vous serez consultant en stratégie, vous devez être capable de communiquer clairement à l’oral. Également, tout au long du cas, vous devez apprendre à synthétiser vos analyses, en prenant du recul sur l’avancée de la résolution du problème et en confirmant avec l’interviewer que vous allez dans la bonne direction. Enfin, la plupart des études de cas se terminent avec une conclusion où vous devrez montrer votre capacité à reprendre et résumer en quelques secondes vos analyses, vos résultats et votre réponse finale à la problématique.
Pour chacun de vos entraînements aux études de cas, évaluez-vous avec cette grille de lecture sur ces 4 critères d’évaluation : MECE, quantitatif, qualitatif, communication & synthèse.
Lire aussi : Comment intégrer un cabinet de Conseil en stratégie ?
3 tips pour faire la différence aux études de cas pendant les entretiens de Conseil en stratégie
Adopter une posture de consultant en stratégie
Vous devez adopter une posture de consultant en stratégie pendant l’intégralité de l’entretien, en particulier à l’écrit avec une expression visuelle limpide et structurée. Comme un consultant, il va falloir penser et écrire en slides. Concrètement, à la place de prendre vos notes au format portrait, prenez-les au format paysage.
Comment penser et écrire en slides comme un consultant en stratégie ?
- Pour présenter vos feuilles en format slides, numérotez-les en haut à droite puis donnez-leur un titre.
- Ensuite, pendant la prise de notes, efforcez-vous d’écrire de manière claire et lisible : écrivez gros en utilisant un feutre fin qui est l’outil préféré des consultants.
- Utilisez un jeu de couleurs pour faire ressortir les éléments clés. Vos interviewers devront être capables de suivre votre raisonnement même si votre feuille est à l’envers. Ils seront d’autant plus à même de rentrer dans le cas avec vous et de vous guider s’il est bien présenté.
- Dès que vous que ça vous semble pertinent, n’hésitez pas à faire des tableaux de comparaison afin de toujours garder une pensée structurée et visuelle. Usez des tickmarks, des schémas ou dessinez encore des arbres de résolution. C’est un exercice qui prouvera à votre interlocuteur que vous vous projetez dans le métier de consultant.
- Quand votre analyse a abouti, il faudra de manière très scolaire encadrer vos résultats en gros et avec une couleur différente. Il faut qu’en un coup d’œil vous puissiez les retrouver par la suite.
- Enfin, lorsque vous avez fini de rédiger une feuille, ne la mettez pas n’importe où, rangez-la de manière logique par rapport aux précédentes avec le numéro apparent afin de la retrouver facilement.
L’idée est qu’à la fin, vos feuilles d’étude de cas soient des slides, lisibles, structurées et organisées, comme celles d’un consultant en stratégie.
Acquérir les réflexes des meilleurs consultants en stratégie : proactivité, conversation, spontanéité
Maintenant que vous avez la bonne posture pour passer l’étude de cas, vous devez acquérir les réflexes des meilleurs consultants en stratégie. D’abord sur la forme :
- Être force de proposition : Formulez des hypothèses pour vous assurer que votre interviewer est d’accord avec celles-ci. Il faudra reconnaître les situations lorsque c’est à vous d’émettre des hypothèses et lorsque ce sont des informations que votre interviewer devra vous fournir.
- Entretenir une conversation interactive : L’étude de cas se résout de manière interactive avec le recruteur, qui jouera en quelque sorte le rôle de votre client en vous fournissant les informations auxquelles il a accès. Restez attentif à votre interlocuteur : si vous êtes coupé, c’est que vous êtes trop long, ou que les informations ne sont pas essentielles.
- Être spontané, mais pas trop : Même si vous pensez connaître une réponse ou que vous êtes capable de dire quelque chose d’intelligent en répondant du tac au tac, il faut prendre une ou deux secondes pour réfléchir. N’hésitez pas, de manière occasionnelle, à demander à votre interlocuteur quelques secondes supplémentaires pour structurer votre pensée.
Acquérir les réflexes des meilleurs consultants en stratégie : SHARP, relative, résultats
Si vous maitrisez les réflexes sur la forme des consultants en stratégie, ajoutez ceux sur le fond pour définitivement briller pendant votre étude de cas.
- Être SHARP : Il ne faut utiliser que les mots nécessaires et suffisants pour exprimer votre pensée. En plein cas, même si ça vous paraît évident, il ne faut pas simplement dire : “le marché est en forte croissance” qui est une formulation vague, mais bien : « Le marché du café dans le monde a connu une croissance de 5% sur les trois dernières années ».
- Utiliser un point de comparaison : Un consultant raisonne toujours en relatif, en pourcentage et par comparaison. Vous avez différents éléments de comparaison possibles et pertinents : historique, les autres pays, les autres produits/services, la concurrence.
- Donner un résultat intermédiaire : À la fin de chaque analyse vous devez donner un résultat intermédiaire pour donner de la structure et de la fluidité à la résolution de votre étude de cas. Un consultant en stratégie sait toujours ce qu’il fait et où il va, alors vous aussi.
En quelques mots, pour réussir une étude de cas, mettez vous dans la peau d’un consultant
Au-delà des connaissances techniques propres à chaque type d’étude de cas, le secret pour réussir l’exercice est de penser et agir comme un consultant en stratégie. Si vous arrivez à avoir le même langage que votre interviewer, sans en faire trop, une part du travail est déjà réussie !
Lire aussi : Tout savoir sur le métier de consultant en stratégie : missions, carrières, salaires
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